Londres, Angleterre.
Nous sommes le 24 décembre, à 10h00. Dans le centre-commercial “Westfield Stratford City”, la famille Boulie vient de faire son entrée dans le hall rempli. Tout le monde vient pour faire ses derniers achats de Noël, tout comme eux. Ces gens ne sont pas Anglais ; ils sont Belges et ont déménagé à Londres l’été dernier. En effet, Jamy, le père, a eu un nouvel emploi en Grande-Bretagne dans un gros bureau de rédaction, en tant que journaliste et a donc entraîné toute sa famille dans ce beau projet de vie. Clara, la mère, est maman au foyer et se charge d’élever ses 2 enfants : Lucie et Peter, ces-derniers étant des enfants plus que gâtés.
Aujourd’hui, ils se rendent tous ensemble au centre-commercial. Une fois entrés, Jamy s’affaire à donner à chacun des membres de sa famille 150£. Lorsque tout le monde eut son argent, le père se chargea de donner quelques consignes :
- Bon, vous avez chacun 150£ pour vos derniers achats de Noël. Dépensez-les comme bon vous semblera, mais rappelez-vous que vous n’aurez pas un penny de plus ! Donc, si vous n’avez plus d’argent à la fin de la journée, et que vous voulez encore acheter des cadeaux, ce ne sera pas possible.
Il prit quelques secondes avant de reprendre.
-Oh et puis ! Voilà encore 50£ chacun ! Allez ! Faites-vous plaisir !
- Oui, super !
- Merci, papa !
Les 2 enfants partirent chacun de leur côté. Quant aux parents, ils se dépêchèrent d’aller dans le magasin d’électronique du premier étage afin d’acheter encore quelques petits cadeaux pour leurs enfants.
À midi, tous se rejoignirent pour aller manger dans un restaurant du centre-commercial. Une fois le repas terminé, ils se dispersèrent encore, jusqu’aux environs de 14h30. Après s’être retrouvés sur le lieu de leur arrivée, ils partirent en direction du parking.
-Alors, dit Clara, vous avez trouvé tout ce dont vous aviez envie, les enfants ?
- Oui ! répondirent ceux-ci d’une même voix.
- Est-ce que vous avez tout dépensé ou bien vous reste-t-il encore un peu d’argent ? demanda Jamy.
Lucie et Peter échangèrent un regard rieur, indiquant à leur père qu’ils ne leur restait plus aucun argent.
- Et vous, demanda subtilement Lucie, vous avez trouvé tout ce qu’il vous fallait ? D’ailleurs, qu’est-ce qu’il y a dans cette grosse boîte ? demanda-t-elle en montrant un paquet très volumineux. Est-ce que c’est la télévision 4K ultra-HD de 95 pouces que j’ai demandée pour Noël ?
- Ou bien peut-être que c’est mon ensemble d’ordinateur et de barre de son ? essaya Peter.
- Arrêtez de nous poser toutes ces questions ! répondit Clara. Si on vous dit ce que c’est, vous n’aurez plus la surprise demain matin en ouvrant le cadeau !
Quand ils furent rentrés à leur maison (une grande villa) ils se hâtèrent de déposer tous les nouveaux cadeaux sous le sapin aux côtés de nombreux autres paquets, pour ensuite aller se préparer. Effectivement, la famille - ainsi que beaucoup d’autres - était invitée à un souper pour le soir du réveillon de Noël, dans la demeure de Monsieur et Madame Rénige, les directeurs de la société dans laquelle travaillait Jamy depuis quelques mois maintenant. Ce couple organise chaque année, à l’occasion des fêtes de fin d’année, un grand souper avec tous leurs employés. Pour la famille Boulie, c’est la première fois qu’ils s’y rendent. Ils essayent donc d’être le plus impeccable possible afin de faire bonne impression.
17h35.
Clara, Jamy, Lucie et Peter se dépêchent de monter l’allée qui les sépare de l’entrée de la maison des Rénige.
- Allez, allez ! Dépêchez-vous, dépêchez-vous ! On va être en retard ! On était invités à 17h30 ! dit Jamy d’un ton très stressé.
- Ce n’est pas ma faute ! répondit Peter. C’est à cause de Lucie et de maman ! Ce sont elles qui ont pris beaucoup de temps pour se préparer !
- C’est faux ! dit Clara. C’est ton père qui a passé le plus de temps pour se préparer ! Il a pris au moins 45 minutes pour choisir une cravate !
- Oui, bon, on arrête de discuter, dit Jamy un peu mal à l’aise, on arrive.
Ils ralentirent le pas, et se postèrent à l’entrée. La porte était ouverte pour que Monsieur Rénige puisse accueillir ses invités aux côtés de Wilfried, son majordome.
- Oh ! Eh bien voilà... commença-t-il. Comment s’appellent-ils déjà ? chuchota-t-il à Wilfried.
- Il s’agit de la famille Boulie, monsieur, répondit le majordome en montrant leur nom sur la feuille des invités. (sur cette feuille était inscrite les noms des invités, mais aussi tous les prénoms des membres des familles des employés).
- Eh bien voilà la famille Boulie !
- Bonsoir, dit timidement Jamy avec un léger sourire. Excusez-nous pour le retard, il y avait beaucoup de circulation, comme c’est le soir du réveillon, et...
- Ne vous excusez pas... (il jeta un rapide coup d’œil à sa liste)... Jamy ! Vous êtes là, c’est le principal !
Le sourire du père s’élargit un peu, et on pouvait lire sur son visage une expression de soulagement.
- Et comment va votre charmante épouse... (regard sur la liste)... Clara ?
- Très bien, je vous remercie ! répondit cette dernière, beaucoup plus à l’aise que son mari. C’est vraiment gentil de votre part de nous avoir invités !
- C’est tout naturel, madame !
Il baissa à présent son regard vers les enfants.
- Mais c’est la petite... (regard sur la liste)... Lucie !
Celle-ci lui sourit.
- Et voilà le petit... (il regarda la liste, mais ne vit pas d’autre prénom à côté du nom “Boulie”)... garçon !
Peter lui sourit également.
Ils entrèrent donc, et passèrent une belle soirée.
Aux environs de 2h45 du matin, ils rentrèrent chez eux, et là, ce fut le drame ! La fenêtre du salon était brisée, les meubles complètement retournés, et pire que tout : le sapin de Noël était renversé et tous les cadeaux qui étaient déposés à son pied avaient disparu ! La famille Boulie venait de se faire cambrioler !
L’affolement fut général. Tous les paquets étaient de très grande valeur - et là, je ne parle d’une valeur sentimentale ; le tout - c’est-à-dire une quarantaine de cadeaux - valait presque 1 000£. Toute la famille fût triste et désemparée. Pour ces gens matérialistes, le fait de ne pas avoir de cadeaux pour Noël était la pire chose qui puisse leur arriver.
***
Lorsque tout fût fait (la venue de la police, le calfeutrage de la fenêtre, le rangement du salon, ...), les Boulie allèrent se coucher.
Le matin, ils déjeunèrent et passèrent ensuite un Noël calme, sans chansons, sans cris de joie après l’ouverture des cadeaux. Ce n’était pas leur habitude de passer une journée de fête ainsi, mais cette année, ils n’eurent pas le choix. Malgré cela, ils ne se sentaient pas malheureux. Bien sûr, l’idée de s’être fait cambrioler n’était guère agréable, mais ils compensèrent l’absence de cadeaux par des jeux en famille, le visionnage de quelques films de Noël classiques, une discussion autour d’un chocolat chaud, ... Ils passèrent un Noël simple, et n’en furent pas moins heureux. Cette mésaventure leur aura appris que la valeur de Noël ne réside pas dans les cadeaux, mais bien dans le fait de se retrouver en famille, entouré des gens qu’on aime.
Linda Magnetta 4GT1.
Magnifique ! Merci Linda pour ce formidable message de Noël 😊!