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Progéniture démoniaque

Dernière mise à jour : 22 avr.




Partie 1 (Léonie)


Nous avions tout essayé. Vraiment tout essayé. Mais rien n’y a fait ; nous sommes toujours sans descendance. Nous avions tout d’abord commencé par la méthode classique. Au bout de plusieurs mois peu concluants, nous nous sommes renseignés sur les autres procédés existants. Après tout, nous n’étions pas le premier couple qui n’arrivait pas à avoir d’enfant. Nous connaissions d’ailleurs beaucoup d’amis qui avaient fait appel à d’autres méthodes. Nous nous sommes donc rendus chez plusieurs spécialistes afin de recueillir de l’aide auprès d’eux. Nous avons rencontré plusieurs dizaines de médecins dans le but d’avoir un bébé par la méthode de procréation médicalement assistée. À notre grand désarroi, mon infertilité était toujours victorieuse de nos essais. Nous sommes donc allés voir d’autres professionnels, plus loin. Nous avons parcouru des centaines de kilomètres, en vain.


Ce jour-là, nous nous étions rendus au-delà de la frontière afin de rencontrer un praticien spécialisé. Notre vif espoir fut réduit en miettes lorsque le docteur nous annonça que je n’étais pas enceinte. Nous rentrâmes donc chez nous. En chemin, en plein milieu de la campagne déserte, nous dûmes nous arrêter pour mettre de l’essence dans la voiture. J’en profitai pour acheter de quoi grignoter en vue de la longue route qu’il nous restait encore à parcourir. 


-Tout va bien, madame ? me demanda le pompiste après que j’eus exprimé un nouveau soupir de découragement.

-Oui, oui. C’est... C’est juste que mon mari et moi essayons d’avoir un enfant depuis très longtemps, mais nous n’y arrivons pas. Nous revenons de notre vingtième rendez-vous avec un spécialiste, mais sans résultat.


Il jeta plusieurs coups d’œil furtifs, comme pour s’assurer que j’étais la seule à pouvoir entendre ce qu’il était sur le point de me dire.


-Vous savez, me chuchota-t-il, je connais quelqu’un qui pourrait peut-être aider.


Il me tendit une carte de visite que je saisis doucement. Il y était inscrit une adresse.


-Merci, répondis-je tout bas.


Je retournai dans la voiture, suivie quelques instants après de John, mon mari.


-Qu’est-ce que c’est ? me demanda-t-il en désignant le bout de papier que j’observais.

-Hum... C’est le pompiste qui me l’a donné ; il dit que la personne se trouvant à cette adresse peut potentiellement nous aider.


Il soupira.


-Nous avons vu tous les médecins du pays, et même ceux d’ailleurs, et je ne pense pas que quelqu’un dont l’adresse est écrite à la main sur une espèce de carte puisse nous venir en aide.

-Mais enfin ! C’est peut-être notre seule chance d’avoir un bébé ! Et j’en veux un plus que tout au monde ! Et je sais que toi aussi !


Mon mari avait déjà évoqué la solution de l’adoption ou d’avoir une mère porteuse, mais j’ai refusé avec beaucoup de vigueur ; je voulais porter mon enfant et connaître les joies d’enfanter. Je voulais que ça soit mon bébé. Et ce morceau de feuille de papier allait sûrement me permettre de réaliser ce rêve. Il fallait que nous essayions.


-Écoute, repris-je, ça ne coûte rien d’aller voir. On peut juste se rendre à l’adresse indiquée, et on verra si quelqu’un peut nous aider.


John accepta. Il entra donc l’adresse dans le GPS et nous reprîmes la route. Nous roulâmes longtemps. Très longtemps. Le géonavigateur nous fit passer par des chemins de terre que nous n’aurions jamais empruntés de notre plein gré. Plusieurs heures plus tard, au bout d’un sentier étroit, nous vîmes une maison. Celle-ci était seule et isolée. L’avantage, c’est que le propriétaire ne devait pas avoir de problème de voisinage... 


Je sonnai à la porte. Celle-ci se déverrouilla, et nous entrâmes précautionneusement. Une voix nous héla du bout du sombre couloir.


-Entrez donc, mes amis !  


Nous avançâmes donc, mais avec méfiance. Lorsque nous fûmes arrivés au bout du couloir, nous vîmes une porte entrouverte. La voix se fit de nouveau entendre lorsque nous franchîmes cette porte.


-Soyez les bienvenus ! nous salua un homme. Je suis le docteur Géhenne. 


Il était très grand et vêtu d’un costume noir et mauve et d’un chapeau haut-de-forme assorti.


-J’attendais justement votre visite ! J’ai en effet eu vent de votre venue par mon ami qui travaille à la station service.


Je lui fis un léger sourire. 


-Alors, poursuivit-il, il paraît que vous voulez devenir parents. Eh bien, figurez-vous que vous êtes au bon endroit ! Je pratique effectivement la médecine infantile depuis de longues années et j’estime que je suis l’un des spécialistes les plus qualifiés !


Il était un peu imbu de lui-même, mais en même temps, il me donnait l’impression que je pouvais avoir confiance en lui.


-Mais où sont mes bonnes manières ! dit-il ensuite. Je ne vous ai même pas invités à vous asseoir et ne vous ai pas proposé de rafraîchissement ! 


Il s’affaira à remédier à son “erreur”. Quand je fus assise, je contemplai la pièce dans laquelle nous nous trouvions. Elle était circulaire, sombre et plein de petits bibelots étranges ornaient les étagères. Je faisais un effort pour ne pas avoir l’air trop étonnée par la décoration hors du commun, mais il était tout de même compréhensible d’être interpellée par l’allure de ce bureau (je devinai en effet qu’il s’agissait d’un bureau au vu de la table et des chaises qui se trouvaient de part et d’autre de cette-dernière). 


-Bon, nous allons commencer par prélever les échantillons nécessaires, et ensuite, nous nous occuperons de la fécondation.


Je ne fis pas vraiment attention à la façon de faire du docteur Géhenne, mais je remarquai tout de même qu’il utilisait des fioles étranges, et il me semblait que parfois, il murmurait des phrases incompréhensibles.


***

(2ème rendez-vous chez le docteur Géhenne)


-Eh bien, toutes mes félicitations les amis ! Léonie, vous êtes enceinte ! 


Nous sautâmes de joie. Une vague de soulagement m’envahit ; j’allais enfin avoir un bébé ! Après tant de temps d’expectative, mon projet allait se concrétiser ! 


John et moi rentrâmes chez nous en chantant à tue-tête les chansons qui passaient à la radio de la voiture. 


***


Les jours passèrent. J’étais sur mon petit nuage. Tout se passait bien... Jusqu’à ce matin-là ; je me réveillai avec un mal de ventre insoutenable. Je me précipitai donc aux toilettes pour régurgiter. John vint à mes côtés pour me soutenir. Nous prîmes peur face à ce qui se trouvait dans la cuvette des toilettes ; du sang. Je venais de dégorger des litres et des litres de sang. Sur le moment, je crus que j’allais mourir. Il était tout à fait normal d’avoir la nausée le matin lorsqu’on est enceinte, mais il était totalement inhabituel de vomir du sang ! Mon mari et moi prîmes la décision d’aller voir le docteur Géhenne sur le champ.


Une fois arrivés, le médecin me prit en charge immédiatement. Il m’ausculta, mais avec un grand sourire m’annonça.


-Ne vous en faites pas, Léonie ! Tout va très bien ! 

-Comment ça “très bien” ?! Je vous rappelle que j’ai vomi plusieurs litres de sang ! 

-Oui, mais ce n’est rien de grave ! Je vous le répète : ne vous en faites pas. Ça arrive à beaucoup de femme enceinte de régurgiter de la sorte ! 


Je jetai un coup d’œil vers John ; il était tout aussi peu convaincu que moi. Pendant un instant, je me dis qu’il valait mieux interrompre ma grossesse. Je ne voulais prendre aucun risque pour ma santé. Mais je me résignai. J’avais une envie irrépressible de devenir mère, et je n’avais pas envie de devoir encore attendre aussi longtemps que j’avais dû le faire depuis tant d’années. Je choisis donc de garder le bébé. 


Lorsque nous fûmes rentrés chez nous, je m’allongeai sur le canapé. J’étais exténuée et il fallait que je me repose. 


Je me réveillai en pleine nuit pour soulager ma nausée. Je régurgitai à nouveau du sang. Au plus le sang passait dans ma gorge, au plus celle-ci brûlait. Une odeur âcre émanait de la cuvette. Je restai agenouillée un long moment, le temps de reprendre mes esprits. Mon mari passa son bras autour de mes épaules.


-Ça va, ma chérie ? 


Comme réponse, il eût droit au gargouillement de mon estomac. Nous rîmes.


-Je meurs de faim, dis-je en souriant. Je vais me préparer quelque chose à manger.


Le borborygme se fit à nouveau entendre. John et moi échangeâmes un regard inquiet ; le bruit ne ressemblait pas vraiment à un gargouillement. On aurait plutôt dit un grognement. Comme si ce qui était en moi maugréait. Je trouvais cela étrange, mais surtout effrayant. Essayant de faire abstraction de ce friselis, j’allai dans la cuisine pour prendre de quoi étancher ma faim.


Toute la journée, je ne fis que manger. J’avais tout le temps faim ! À croire que je souffrais du ver solitaire. 


Plus les jours passaient, et plus les grognements intérieurs s’intensifiaient. Ils se faisaient de plus en plus fort, duraient de plus en plus longtemps et se présentaient de plus en plus souvent. Mon appétit, lui, était comparable à celui d’un ogre ; j’avalais tout ce qui me passait sous la main. Et sans jamais rien régurgiter, hormis les litres de sang habituels. 


Deux semaines plus tard, nous retournâmes chez le docteur Géhenne. Je fis part à ce-dernier des grognements étranges et de mon inquiétude face à mon appétit démesuré, mais il me dit de ne pas m’inquiéter. 


Avant de rentrer chez nous, nous allâmes à l’hôpital. John tenait à ce que je voie un médecin “connu”. La doctoresse en question me fit passer un examen pour s’assurer que je n’avais pas le ver solitaire ; il s’avéra que non. Son diagnostic fut donc que j’étais sûrement dans une phase de légère dépression due à ma grossesse. Au moment où je serrai la main de la médecin pour prendre congé de cette-dernière, un grognement se fit entendre. La doctoresse m’interrogea du regard. 


-Je... Ça fait plusieurs jours qu’on entend ces grommellements, dis-je avec un faible sourire confus.


La médecin ne semblait pas rassurée, mais n’ajouta rien. Je sortis donc, et nous rentrâmes chez nous. 


De retour à la maison, je mangeai et puis dormis, jusqu’au lendemain matin. 


***

Une semaine passa, sans rien d’anormal (hormis bien sûr mes vomissements sanguinaires dont la quantité devenait de plus en plus conséquente, et les grognements). Au bout de cette semaine, un nouvel événement vint nous inquiéter ; mon ventre avait commencé à s’empâter depuis plusieurs jours (ce qui est inévitable lorsqu’on est enceinte), mais ce qu’il y avait dans mon ventre avait commencé à bouger. Non seulement je sentais que ça remuait en moi, mais en plus, je le voyais. J’appelai John.


-Chéri ?

-Oui ?

-Euh... Viens, s’il te plaît.

-Qu’est-ce que...


Il n’acheva pas sa phrase, ayant vu mon abdomen.


-Euh... Je... Ce n’est pas normal, ça...

-Je trouve aussi.

-Il faut qu’on aille voir Géhenne.


Je soupirai.


-Ça ne sert à rien. Il va encore me dire “Ne vous en faites pas, Léonie, ce n’est rien de grave”. On voit bien que ce n’est pas lui qui porte ça


Je commençais en effet à trouver que l’enfant que j’attendais prenait du poids.


-Bon, reprit mon mari, on attend une semaine, et si jamais ça continue de... bouger..., on va voir le docteur, d’accord ?


J’opinai de la tête.


***


Cette semaine fut compliquée. Très compliquée. Non seulement, les vomissements et les grognements s’étaient accentués, en plus, mon ventre était encore plus lourd tandis que moi, j’étais encore plus ventripotente, mais le pire, c’était que ce qui logeait à l’intérieur s’agitait avec plus de vigueur. Sans compter que la peau de mon abdomen s’était déformée et qu’on avait l’impression que plusieurs boules se déplaçaient sous toute la surface du bas de mon tronc. J’avais affreusement mal. Je ne comprenais pas pourquoi tous ces évènements abscons m’arrivaient. Je savais que la grossesse comportait certains passages difficiles, mais ces péripéties-là étaient épouvantables. John me conduisit donc chez le docteur Géhenne, comme prévu. 


Arrivés chez le médecin, je m’assis difficilement. 


-Alors, ma chère Léonie, comment allez-vous ? m’interrogea-t-il avec un grand sourire agaçant.

-Eh bien, figurez-vous que je ne vais pas bien, du tout !, m'énervai-je. Je souffre atrocement depuis que je suis enceinte, et ça ne fait qu’empirer ! 


Je soulevai mon t-shirt pour dévoiler mon ventre et lui faire prendre conscience de l’ampleur du désastre. Son sourire devint encore plus grand.


-Ma très chère amie, ce qui est en train de se produire en vous est tout à fait normal, et signifie que vous arrivez au terme de votre grossesse !

-QUOI ?! nous exclamèrent mon mari et moi d’une même voix.


Géhenne s’esclaffa. 


-Mais... mais cela fait à peine un mois que je suis enceinte ! me récriai-je.

-C’est bien ce que je vous dis : vous allez avoir votre bébé d’ici peu.


John et moi fîmes des yeux ronds comme des pièces de vingt. Ce n’était pas possible d’accoucher après seulement quelques semaines. J’allai protester, mais après réflexion, je me dis que ce n’était peut-être pas une si mauvaise chose de faire sortir ce qu’il y avait en moi. 


-Et... vous pensez que ce sera pour quand ? demanda mon époux avec circonspection. 

-Oh, je pense que votre enfant verra le jour avant la fin de la semaine. Je vous conseille donc de venir me voir dès que vous sentirez les premières contractions. 


Le rendez-vous se termina et ensuite, nous prîmes le chemin du retour. Nous ne parlâmes pas pendant toute la durée du trajet. 


Durant les jours qui suivirent, la douleur s’intensifia, comme tout le reste (vomissements, grognements et agitations intérieures). 


***


Ce fut à la fin de la semaine - comme cela avait été prédit - que je sentis les premières contractions. J’avais vraiment mal et je sentais que ce qui était à l’intérieur de mon ventre avait l’envie irrépressible de sortir. John m’aida donc à m’installer dans la voiture et démarra ensuite en trombe. Nous arrivâmes rapidement chez le docteur Géhenne qui semblait nous attendre ; il était en effet venu jusqu’à nous pour m’aider à sortir de la voiture et à m’installer dans la salle d’accouchement qui jouxtait son bureau. Je hurlais de douleur. Tandis que je me tortillais, mon mari vint me tenir la main. Le médecin enfila une blouse blanche de docteur et des gants. Je pleurais tellement j’avais mal et tellement j’étais effrayée par ce qui allait arriver après. Est-ce que mon bébé allait bien ? Est-ce qu’il allait survivre ? Et est-ce que moi j’allais m’en sortir ? Je me tordais de plus en plus. Je sentais un déchirement. C’était comme si ce qui était à l’intérieur de mon corps essayait de lacérer ma peau pour sortir. J’entendis Géhenne parler avec John, mais je ne compris pas le sujet de leur conversation. J’avais l’impression d’être un martyr. Toutes les images constituant les dernières semaines me repassèrent en tête ; les incommensurables litres de sang que j’avais régurgité, les grognements incessants, l’agitation perpétuelle qui me déformait le corps... Je commençais à m’habituer à la douleur lorsque je sentis une double incision ; une venant de l’intérieur causée par - je le présumai - mon futur bébé, et la seconde par un scalpel tranchant. Je me redressai à moitié, poussant un hurlement de douleur. Je vis sur la table sur laquelle étaient posés les instruments chirurgicaux de Géhenne qu’il y avait une fiole étrange, semblable à celles qu’il avait utilisées lors de notre premier rendez-vous. 


-Tout ça, c’est à cause de VOUS !!! criai-je en balançant la fiole d’un coup de bras violent. 


Je retombai allongée sur le dos, sentant quelque chose s’évader de mon corps dans un bruit de taillade dégoûtant. J’eus à peine le temps de voir la créature - qui était d’un rouge effroyablement vif et portait deux petites cornes sur la tête - et puis, ne sentis plus rien. 


Partie 2 (John)


-Tout ça, c’est à cause de VOUS !!! cria Léonie en balançant une fiole d’un coup de bras violent. 


Je vis une créature horrible sortir de l’abdomen de ma femme, ainsi que plusieurs litres de sang qui nous éclaboussèrent. Mon épouse retomba sur le dos, paupières ouvertes, la peau du ventre déchirée et ensanglantée. Géhenne tenait la bête rouge entre ses mains dégoulinantes de sang, et la leva à hauteur de mes yeux.


-Je vous présente votre enfant, John ! me dit-il avec un sourire machiavélique.

-Vous l’avez TUÉE ! m’époumonai-je en désignant le cadavre blafard tacheté de sang de ma femme sur la table d’accouchement. 


Le petit monstre qui était face à moi grogna en s’agitant frénétiquement. Les larmes ruisselaient abondamment sur mes joues tandis que je hurlais de colère et de chagrin. 


Ce que je vis ensuite fut encore plus effrayant ; le docteur se mit à grandir et à grossir pour devenir deux fois plus haut que moi. Pendant son accroissement exponentiel, sa peau changea pour se colorer en un rouge carmin. De longues griffes acérées avaient remplacé ses ongles, ses cheveux - tout comme le bouc qui venait de lui pousser - devinrent d’un noir de jais et ses yeux jaunirent. Ses oreilles se transformèrent aussi et devinrent pointues. Son corps ressemblait à un satyre. Sur sa tête, deux cornes avaient poussé, tout comme une queue fourchue au-dessus de son séant. Son visage se déforma en un rictus qui me laissa entrevoir de longues dents pointues. Un ricanement grave émana de cette créature et me fit échapper un cri de terreur. Cette chose était la représentation du Diable en personne. Et le bébé qu’il tenait toujours entre ses énormes mains était sa progéniture. Il s’était servi de Léonie pour l’avoir. 


Comment avions-nous pu lui faire confiance ?


Alors que j’étais perdu dans la contemplation du démon et de son descendant, à ce moment-là, alors que je m’y attendais le moins, le Diable jeta le bébé sur moi. Il commença à me déchiqueter le visage, arrachant des morceaux de ma peau. Sa torture continua, jusqu’à atteindre ma mort, sans que je ne puisse rien faire.


Linda Magnetta 5GT2






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