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Souvenir d’une balade d’après-midi




J’aime encore m’abandonner aux doux souvenirs des balades que je fis avec ma bien aimée. Ces après-midi où nous nous promenions le long du ruisseau, nos pas bruissant sur l’herbe, l’ombrelle de ma douce nous protégeant du soleil qui se reflétait sur l’eau miroitante qui s’écoulait doucement. Il nous arrivait souvent de nous asseoir sur l’herbe, dans une pairie parsemée de petites fleurs blanches et roses, située un peu plus loin du ruisseau. Nous nous installions près l’un de l’autre, la robe blanche avec les coutures et le ceinturon rose de ma fiancée s’étalant tout autour d’elle. La plupart du temps, elle lisait le livre qu’elle avait emporté avec elle, tandis que je passais mon temps à la regarder, ses épais cheveux dorés flottant légèrement avec la petite brise qui passait parfois par là. Son chapeau – accordé à sa robe – ne s’envolait jamais, tout comme son ombrelle déposée aux côtés du petit panier d’osier dans lequel ma tendre aimée transportait son ouvrage et les fleurs que je lui offrais au moment où je venais la chercher pour faire notre balade. Je jouais également avec quelques pousses d’herbe ou quelques fleurs qui se trouvaient non loin de ma main droite posée sur le sol, la gauche étant posée sur ma jambe. Il m’arrivait parfois de prendre la main vêtue d’un gant blanc de ma douce, et même d’y déposer un tendre baiser. Nous restions là pendant des heures, avec pour seul bruit, le chant des oiseaux et l’écoulement du ruisseau un peu plus loin.                                                 


Perdu dans mes pensées, je m’abandonnais aux songes merveilleux qui me laissaient voir des bribes du magnifique avenir qui s’offrait devant nous.


Aujourd’hui, c’est aux doux moments passés avec ma bien aimée que je pense, à nos balades d’après-midi. Ces précieux instants résident désormais dans le parc de la mémoire, dans le jardin du souvenir. Là-bas, ils sont comme des roses éternelles ; ils ne peuvent point faner. C’est pourquoi j’y repense sans arrêt, afin de garder dans mon esprit le sourire angélique de ma douce, sans qu’il ne s’estompe. Tandis que je ressasse ces souvenirs paisibles, je me laisse emporter par la mélancolie de ces moments heureux qui me laissent tomber dans un abîme doux et amer. Quand je pense à tout cela, un sourire heureux et triste à la fois me fendant le visage, je laisse mes paupières se fermer et les larmes couler sur mes joues, pour laisser s’épancher ma sensibilité, tout comme je le fais avec la nostalgie qui me tiraille à chaque instant.                                                                                     


A la fin de nos balades, lorsque le soleil commençait à descendre, et l’après-midi à se terminer, nous nous levions, et reprenions notre marche – cette fois-ci dans l’autre sens – déjà impatients d’être au dimanche suivant pour nous retrouver.    


Ces balades d’après-midi me laissaient des souvenirs tout aussi précieux que ma fiancée, avec qui je passais des instants où nous profitions de notre jeunesse, à l’aube de nos vingt ans. Mais alors qu’à cet âge notre vie ne faisait que commencer, ma chère, douce et tendre aimée était déjà arrivée au crépuscule de la sienne. 

Linda Magnetta 5GT2



Illustration : La promende ou La femme à l'ombrelle, Claude Monet, 1875



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